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Un monde : lugubre, mécanique et brutal. Dans ce monde, une maison - plongée un mois par an dans l'obscurité la plus totale. Dans cette maison, un narrateur - un écrivain. Il vit là, dans ces limbes étranges et sombres, reclus avec sa mère (silencieuse, immergée dans une immense douleur dont on ne connaîtra pas la cause), une jeune esclave dévouée, et une foule de chats. Il vit aussi avec la femme qu'il aime - à ceci près que cette femme n'existe pas: elle est en réalité l'héroïne du roman qu'il est en train d'écrire tout en luttant contre l'obscurité qui, chaque jour, gagne du terrain sur cette maison hors du temps. Entre les ombres d'une violence indicible, la fièvre de l'écriture et les lumières de l'amour désincarné, la frontière entre la création et la réalité s'estompe. Survient un ami voyageur, innocent radieux mais aussi porteur de récits chargés d'effroi et d'horreur, annonciateurs de désastre : la barbarie, l'agonie du monde... Livre hors norme, objet littéraire non identifié, joyau ténébreux d'un véritable surdoué de la langue, Une maison dans l'obscurité est une fable onirique et fabuleuse, inquiétante et incantatoire - le roman inouï et hypnotique d'un « voyant » de la littérature.
Le Monde Diplomatique, Juin 2006
Par Marina da Silva.
José Luís Peixoto est né en 1974, avec la « révolution des œillets », à Portalegre, dans le sud du Portugal. Encore méconnu en France – mais même José Saramago a dû attendre l’âge de 76 ans pour jouir de la reconnaissance du prix Nobel et sortir de l’indifférence et de l’ignorance qui pèsent sur la culture portugaise –, Peixoto est une étoile montante en son pays. Son premier roman, Sans un Regard, paru en 2000, lui assure une renommée immédiate, couronnée en 2001 par le prix José-Saramago de la meilleure œuvre de fiction en portugais d’un écrivain de moins de 35 ans, puis le Pen Club et le grand prix de l’association portugaise des auteurs pour le roman et la nouvelle. Un recueil de poèmes, A Criança em Ruínas (« L’enfant dans les ruines »), lui valut également d’être distingué, juste avant cetteMaison dans les ténèbres, parue en 2002 et publiée cette année en français.
C’est donc avec un vrai étonnement que l’on rentre dans le monde de cet écrivain à la plume bohème et curieuse, aussi libre que rigoureuse. L’écriture semble ne receler aucun secret pour lui. Il en aime toutes lesformes, toutes les inventions et expérimentations.
Que nous raconte ce roman, dont la quatrième de couverture annonce« un monde lugubre, mécanique et brutal » ? Un écrivain, le narrateur, vit reclus dans une maison « plongée un mois par an dans l’obscurité la plus totale », avec sa mère, silencieuse, immergée dans une immense douleur dont on ne connaîtra pas la cause, avec une jeune esclave dévouée, et... une foule de chats. En outre, le narrateur semble flirter avec la folie, vivant avec la femme qu’il aime « à ceci près que cette femme n’existe pas ». Elle est « l’héroïne du roman qu’il est en train d’écrire tout en luttant contre l’obscurité qui, chaque jour, gagne du terrain sur cette maison hors du temps... ».
Cousu de fil blanc ? Pas du tout. Cousu de fils de couleur, de teintes de gouache, de matières à sculpter, entremêlant l’ombre et la lumière, la violence, surtout lorsqu’elle est indicible et qu’il faut aller l’exhumer de son oubli et de sa dissimulation. Se confrontant avec la fièvre de l’écriture, ses aspérités, qu’il va chercher jusqu’à la racine. Interrogeant l’amour, son incarnation et sa désincarnation, le basculement entre son absence et sa présence. Questionnant le monde et sa cruauté, l’écriture et ses frontières, là où création et réalité s’estompent.
Une maison dans des ténèbres annonciatrices de désastres, mais où, contre la barbarie et l’agonie du monde, l’écrivain demeure dans une posture éthique de résistance et dans l’éblouissement de l’écriture.
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